Iain MacKenzie, pêcheur d'algues.
A Kerlouan sur les rochers de Karreg Hir. 14 août 2018
Ilan pêche des algues sur la côte Nord du Finistère depuis une dizaine d'année. Aidé depuis cette année par sa compagne Marielle. Ils en collectent 5 variétés suivant la demande et les saisons pour les vendre à des sociétés qui conditionnent ces algues.
A marée descendante Iain échoue son bateau, une barque alu que cet écossais appréciait en Grande- Bretagne, sur un banc de sable près des algues convoitées. La récolte commence même avant la marée basse avec de l'eau jusqu'à la taille et un lien qui les solidarise au bateau pendant la descendante. Ils jettent les algues récoltées à l'intérieur jusqu'à ce que l'eau leur permettent de sortir des lessiveuses pour collecter à distance du bateau. « C'est un troisième pied qui permet de se rattraper quand nous glissons » dit Marielle.
Les champs d'algues sont repérés auparavant, avec quelques fois des déconvenues quand par exemple des limaces de mer sont passées entre-temps et ont fait bombance sur le lieu.
Il y a aussi ces algues si proches en apparence quand elles se trouvent dans l'eau, l'une semblable à une laitue est très recherchée, l'autre est frisée et peu prisée.
Tout en récoltant Ilan me parle d'une variété qui sent le « Garlic » (« l'Aïl » en Anglais), mais il cherchera en vain cette fois. « Certaines fois on marche dessus tout le temps et là...je n'en vois pas. Il en goûte tout de même une variété mais la recrache aussitôt avec une moue dépitée. Tant il est vrai que les algues ne sont pas toxiques par nature, elles peuvent parfois avoir un goût... plus ou moins décevant.
Aujourd'hui c'est la Dulce qui est recherchée, une algue fine et rouge, qui se mêle souvent à d'autres algues. Pour les récolter Iain à son coup de main qui lui permet de se passer de couteau. Il les peigne avec ses mains gantées. « Je laisse une bonne base pour pouvoir revenir dans 3,4 mois ».
Une fois les grands tonneaux pleins, il transfère la récolte dans des sacs de 25 kg. Cela permet un tri pour retirer les algues parasitées par des coquillages, puis les laissent perdre encore un peu d'eau sur les rochers, en attendant de les entasser dans la barque.
Le transfert se fait dans des conditions acrobatiques, les tapis d'algues cachant bien des chausses- trappe. J'admire Iain qui passe entre les rochers avec un, voire 2 sacs. Moi, je fais juste attention de ne pas noyer mon matériel quand je tombe. Et je tombe plusieurs fois
« C'est un travail qui s'apprend avec le temps. Pour gagner sa vie il faut récolter 500kg à 1 Tonne, suivant la variété d'algue. Au début je me désespérais, je ne voyais pas ce que je faisais mal, mais les anciens me disaient que ça viendrait avec le temps. Marielle aussi, elle gagne au fur et à mesure en productivité. » Elle se souvient bien de son premier jour, l'hiver dernier, il neigeait à l'horizontale.
Mais elle a tenu.
Après presque 4 heures passées dans l'eau, il est temps de rentrer. La mer remonte, le bateau flotte à nouveau. La récolte est bonne, sans être exceptionnelle. Les MacKenzie avait choisi ce champ proche de la plage sans trop savoir si je souhaiterais les accompagner pendant toute une marée. J'avoue que je n'ai pas trop vu passer le temps d 'une marée.
Philippe Erard.