Comment parler de la guerre ? Et comment parler de la guerre aux enfants ?
Comment photographier une guerre passée de 100 ans ?
Il reste des documents, des objets dans les greniers, des photos quelque part dans des boites où dans des albums.
Une enquête commence dans les classes, les familles, les communes.
Une quête photographique, aussi. Il ne suffit pas de montrer un document pour qu'il existe. Il faut trouver une expression graphique, pour le faire parler, pour l'exprimer aujourd'hui.
Nous avons cheminé avec chaque classe de CP au CM2.
Evidemment de La Grande Guerre, à la petite guerre il n'y a qu'une récréation. Le « grand guignol » nous guettait souvent. Et comment ne pas le comprendre ? Les adultes eux-mêmes devant tant d'horreurs accumulés y ont sacrifié. (Céline, les dadaïstes, les surréalistes, etc...).
Un autre écueil nous guettait, une noirceur sans fin, ces millions de morts. Comme une étoile noire.
Entre les deux il restait une navigation à vue, qui permettait des projets en liaison avec les projets de classe, pour prendre en main le médium photographique. L'appareil photo, le sien, celui de la famille ou un de ceux que je mettais à disposition.
Il fallait partir à la rencontre de témoins indirects, les enfants des témoins.
Evaluer la distance dans l'arbre généalogique (arrière-arrière grand-parent, ...), écarter le nuage de la 2ème guerre mondiale qui fait écran à la première, et partir à la recherche des lettres écrites « en poilu », et des photographies dans les boites de « traou mad ». A la recherche d'un langage métaphorique, aussi.
Nous somme partis à l'aventure. A l'aventure d'un écriture.
Philippe Erard